Madeleine Giguère

L’école de la vie

Ce désir de sauver le monde

Je trouve que «vieillir» apporte sa part de satisfactions et un sentiment du devoir accompli qui a su remplir avec joie ma vie. En effet, ce contentement est dû à de nombreuses expériences qui nous sont offertes, entre autres, par les organisations sociales de notre milieu: activités au centre communautaire pour les 50 ans et plus, bénévolats, voyages organisés pour le troisième âge, etc. Consacrer du temps à nos proches nous apporte beaucoup aussi.

Je suis née dans un milieu québécois chrétien durant le premier quart du siècle dernier. Ma nombreuse famille (dix enfants) était assez pratiquante, ce qui m’a influencée toute ma vie durant. Pour moi cela a été bénéfique et réconfortant : chaque individu rencontre, au cours de sa vie, des hauts et des bas. C’est ainsi que la vie nous forme et nous fait avancer. À 17 ans, j’ai dû travailler suite au décès de mon père. De 1956 à 1959, j’ai enfin pu réaliser mon rêve : devenir infirmière. Par la suite, j’ai été amenée à travailler dans plusieurs pays dont l’ex-Congo belge, le Liban-Syrie et la Tunisie. Dans ce dernier pays, j’ai travaillé 13 ans comme infirmière sage-femme diplômée de l’Université Laval.

Après presque 20 ans d’absence, je suis revenue au Canada. En même temps que je travaillais comme coordonnatrice de nuit dans un centre hospitalier pour enfants, j’ai poursuivi des études à l’Université de Montréal pour l’obtention d’un baccalauréat en Sciences nursing (option mère et enfant), ce qui m’a permis de décrocher le poste de cheffe de programme en périnatalité dans un Département de santé communautaire à Montréal. Puis, sont apparus les CLSC…

Vivre pleinement une retraite

Lorsque j’ai pris ma retraite à 67 ans, la vie m’a orientée vers le bénévolat humanitaire, puis, par la suite, vers le bénévolat dans le milieu artistique.

Durant toutes ces années bien remplies, j’ai conservé quelques amies de longue date. Leur grand malheur, c’est que je déteste les jeux de cartes. Par chance, j’ai encore le plaisir de retrouver régulièrement quelques bonnes amies «ex-Tunisiennes». Ensemble au moins une fois par mois, nous partageons un repas et discutons de la vie contemporaine qui évolue continuellement à travers les âges… et à grands pas! De nos jours, la plupart d’entre nous communiquons avec nos parents et amis(e)s au moyen des nouvelles technologies; cellulaires, iPod, ordinateurs…

Voyager autrement

J’ai d’autres ami(e)s qui, comme moi, aiment beaucoup voyager. Mexique, Équateur, Alaska, Colombie-Britannique, Japon, Chine, Makao, Corée du Sud et la Grèce sont des pays que nous avons visités pour le plaisir et pour connaître d’autres cultures; les autres ont tellement à nous apporter! J’ai été marquée par la splendeur et le raffinement du Japon et de la Corée du Sud. En Tunisie, durant mon travail en coopération internationale, je me suis liée d’amitié avec un agent de l’ambassade canadienne après avoir rendu service à ses parents qui étaient en visite. Lorsque l’occasion se présentait, j’étais invitée à passer les Fêtes dans les pays où cette bonne amie travaillait, ce qui m’a amenée à passer de beaux moments au Liban, en Belgique, au Venezuela… L’un des plaisirs des voyages est de le partager avec des ami(e)s qui sont, eux (elles) aussi, ouvert(e)s à rencontrer et à communiquer avec les gens venant de partout dans le monde et admiratifs devant les beautés de chaque pays.

Je voyage aussi autrement par les romans et les livres historiques portant sur différents pays et époques. Rome et le Moyen Âge m’interpellent particulièrement. La lecture compte beaucoup pour moi. Maintenant, j’ai une bibliothèque dans mon iPad. Je m’en sers entre autres quotidiennement pour lire La Presse+. La nouvelle technologie me passionne et m’épate. Tout a commencé lorsque je me servais du fax au travail… Ensuite, j’ai appris à faire du traitement de texte à l’ordinateur lors d’une expérience de bénévolat.

Apprendre n’a pas d’âge

À la retraite, il est important de continuer à stimuler l’intellect. Encore maintenant, je me rends au théâtre, aux concerts symphoniques ou au ballet lorsque je peux être accompagnée. À la télévision, j’aime beaucoup visionner le canal Classique et le téléjournal, ainsi que quelques téléromans. J’ai aussi déjà suivi des cours d’histoire organisés par l’Université de Sherbrooke. L’instruction a toujours été très importante pour moi: j’encourage les jeunes de mon entourage à poursuivre leurs études. De mon côté, j’ai tenu à obtenir mon baccalauréat à 50 ans malgré le fait que j’ai toujours travaillé à temps plein.

L’école de la vie m’a, elle aussi, amenée à tirer trois belles leçons que je vais partager avec vous. Mon professeur au niveau du baccalauréat, Guy Corneau, nous a enseigné qu’en clarifiant depuis le début une situation, on évite bien des «chicanes» et on s’assure de la réussite de notre engagement envers l’autre. Il est aussi important de réaliser que le mot trop est toujours de trop autant verbalement qu’en action. Enfin, il faut savoir «laisser sa place» et se détacher lorsqu’on doit quitter. C’est d’ailleurs ce pourquoi, toute ma vie, j’ai dit: «Je ne tourne pas la page, je ferme le livre». Et par la suite, on passe à autre chose et la vie avance…