Guy Dubé

Quand dessin et dessein ne font qu’un

L’éveil d’une passion

Ma passion, c’est le dessin.

Lorsque j’étais en maternelle, j’ai remarqué que j’avais de la difficulté à me faire des amis. J’ai toujours été un gars solitaire. Le dessin, c’est aussi une activité solitaire. Je m’y suis donc réfugié. Vers l’âge de sept ou huit ans, je me suis mis à copier des personnages de bandes dessinées comme Astérix et Lucky Luke.

Adolescent, je réalisais déjà que le métier de dessinateur n’en était pas un facile. À cet âge, dessiner faisait de moi une personne marginale. C’était le sport et la mécanique qu’on trouvait cool.

Avancer à contre-courant

Être artiste, c’est monter une montagne très à pic à bicyclette et la redescendre à toute vitesse. On demeure au sommet de la montagne pour un court cinq minutes de gloire. Il est très difficile de percer dans le domaine du dessin au Québec. Il faut vraiment frapper aux bonnes portes au bon moment. Faire fortune de son art est extrêmement rare.

Un jour, j’ai assisté à une conférence portant sur l’employabilité et qui s’adressait aux personnes qui bénéficiaient de l’aide sociale. D’un côté, on nous a parlé du domaine de la production qui est linéaire, constant, sûr. De l’autre côté, on nous a expliqué que les domaines qui dépendent de la créativité sont instables et plus incertains pour le portefeuille.

En plus, il faut dire que la création est une question de goûts. Par exemple, lorsque je travaillais pour une compagnie de T-shirts, on m’a dit préférer les dessins plus abstraits et simplistes que les miens.

Mon style de dessin est plus figuratif. Je représente beaucoup d’objets de la vie courante et des personnages semblables à ceux des bandes dessinées. Parfois, je dessine aussi des paysages.

En ce moment, je travaille sur quelques contrats. Pour les Éditions Passe-Temps, je dessine des illustrations qui permettent à des élèves du primaire en difficulté d’améliorer leur français écrit et oral à travers des jeux éducatifs. Mes dessins accompagnent les différentes narrations de ces jeux. Parfois, je m’associe aussi avec le Centre de lecture et d’écriture de Montréal (CLÉ), un organisme d’alphabétisation populaire.

J’ai découvert CLÉ grâce à un poster que j’ai vu dans un studio de recherche d’emploi. CLÉ m’a donné un coup de pouce avec les fautes d’orthographe et la lecture. Les cours d’informatique qui y sont offerts m’ont aussi permis de me mettre à jour avec les nouvelles technologies. Maintenant, je suis capable de surfer sur Internet afin de m’informer sur les arts et la culture.

Le futur, c’est maintenant!

En ce qui concerne les nouvelles technologies, je connais seulement la pointe de l’iceberg. J’ai commencé à me sentir dépassé par toutes ces avancées dans les années 90, lorsque les jeux vidéo en 3D sont apparus.

Des fois, j’ai l’impression que l’évolution est un train au bord duquel je n’ai pas embarqué à temps. Moi, je suis resté sur le quai, pantois et admiratif devant toute cette technologie.

Je me sens comme un grand-père parce que, pendant que j’ai encore la télévision branchée dans le mur, les autres regardent leurs émissions sur leurs iPhones, iPads, portables et autres machins trucs. Je me sens comme un voyageur du temps qui se serait retrouvé dans le futur.

En ce moment, je vois que mon domaine de travail se modernise aussi avec l’arrivée de l’animation 3D. Moi, je crée des dessins animés, mais en suivant la méthode classique d’image par image. Je suis désavantagé dans le domaine de l’emploi parce que je ne me sers pas de l’ordinateur pour créer.

Une passion persistante

Malgré les obstacles rencontrés sur le marché du travail, je continuerai à poursuivre mon œuvre pour d’autres et pour moi-même. Faire des dessins pour les autres, c’est un défi que je me lance. Le dessin, c’est mon moyen de communication. Enfin, en plus de me permettre de m’ouvrir aux autres, il m’apaise et me redonne confiance.