Esther Farrera

Le bon côté des choses

Le sourire comme philosophie de vie

Je suis cette personne qui parle à tout le monde, que ce soit en attendant l’autobus ou en magasinant. J’ai de la facilité à me faire des amis. Serait-ce à cause de ma manière de m’exprimer et de rigoler?

La bonne humeur me rajeunit. J’aborde les gens avec le sourire même lorsque je traverse une période plus difficile. Je pense que mes problèmes ne devraient pas affecter les autres. Je me trouve positive, car j’ai appris à voir les petits problèmes comme des petits problèmes: je ne les laisse pas prendre de trop grosses proportions.

Je n’ai pas toujours suivi cette philosophie. Avant, j’avais un caractère plus rigide et combatif. Durant ma jeunesse passée au Mexique, j’étais très sportive. Je jouais à tous les sports: basketball, volleyball… J’aspirais toujours à devenir championne. Maintenant, je suis devenue plus relax. J’ai réalisé que se fâcher pour rien, ne donnait rien. Dans la vie, il faut accepter les choses comme elles viennent…

La Catrina peut bien attendre!

Penser à la mort ne me rend pas triste parce que je considère qu’elle fait simplement partie de la vie. Au Mexique, la mort est célébrée durant la Día de los Muertos! Durant cette fête, la mort est personnifiée à travers le personnage de La Catrina, une femme squelettique habillée richement.

Dans le pays d’où je viens, la plupart des gens sont de bonne humeur même lorsqu’ils vivent un malheur. Moi, je voudrais que mes funérailles soient joyeuses et qu’il y ait de la musique qui joue. Comme je suis croyante, la religion est aussi un aspect important pour moi lors des rites de passage. Je suis née dans la religion catholique et je vais mourir dans la religion catholique.

Mais jusqu’à là, j’évite de parler de la mort pour ne pas qu’elle vienne plus vite. Elle viendra quand elle le voudra, mais pas maintenant!

Se définir autrement que par l’âge

Mon âge ne me dérange pas. Même à 71 ans, je sens que mon cœur est encore jeune. Le matin, dès mon réveil, je mets de la musique de tous genres pour bien commencer la journée! Aussi, je m’habille comme je le désire et non comme les autres pensent que je devrais m’habiller à mon âge. Mes vêtements sont colorés et confortables.

Même si j’habite seule, je suis débrouillarde et je ne rate pas une occasion de sortir. Je me déplace fréquemment en autobus… même si cela peut inquiéter mes fils. Mais, après tout, je suis majeure et vaccinée! Je me rappellerai toujours que ma mère me disait: «Si tu veux quelque chose, fais-le seule». Elle m’a appris à avoir confiance en moi et à être indépendante.

Se réchauffer de chaleur humaine

J’ai toujours eu une vie très active. Avant même de prendre ma retraite, j’ai commencé à faire du bénévolat. Depuis longtemps, j’accompagne des femmes du troisième âge lors de leurs rendez-vous à l’hôpital.

Récemment, j’ai suivi une formation donnée par l’Archidiocèse de Montréal me permettant de soutenir les personnes malades et seules que je connais ou qui me sont référées par l’église. Je leur offre mon écoute. Comme les personnes sentent que je les respecte, elles me parlent, parlent et parlent. Elles se confient à moi. J’aime beaucoup être en contact avec les gens. À mon âge, je ressens que toutes les personnes ont quelque chose en commun, peu importe leur nationalité, leur couleur ou leur âge.

La famille est aussi un aspect important de ma vie. C’est d’ailleurs grâce à mes petits-enfants que j’ai trouvé la motivation d’améliorer ma connaissance du français. Un jour, lorsque je les gardais, je leur lisais une histoire en français. Ma petite-fille Jade m’a interrompue parce qu’elle ne comprenait pas ce que je disais. Elle pensait que je parlais en espagnol.

Peu après, j’ai découvert le Centre de lecture et d’écriture de Montréal. J’ai commencé à assister aux ateliers. Maintenant, je représente les participantes au conseil d’administration.

La socialisation est bel et bien ma vocation!