Danielle Paquin

Électrons libres liés par le cœur

Diverses activités

Je suis bénévole à la Maison des Grands-Parents de Villeray.

Toutes les activités reposent sur la participation de bénévoles ainéEs. Je me suis laissée guider à mon arrivée par la directrice alors en poste, Clémence. Je me suis impliquée dès le début dans une panoplie d’activités, j’étais disponible et ouverte à tout : de l’accueil à l’aide aux devoirs, j’ai été également membre du conseil d’administration.

Nous avons des activités pour les mères et leurs enfants, une forme de halte-garderie. Je suis responsable de cette activité. Nous nous occupons des bébés, souvent encore allaités, pendant que les mères sont en rencontre individuelle avec une intervenante du CLSC et deux bénévoles dans une pièce adjacente. Dès qu’un bébé pleure on va le reconduire à la mère.

L’implication auprès des enfants et adolescentEs rejoint mes intérêts. En ce moment, nous apportons notre soutien au programme Motivation Jeunesse avec un professeur de l’école secondaire Lucien Pagé. Nous sommes là pour encourager et aider des jeunes par notre amitié et notre soutien. Ensemble, nous apprenons à faire tomber certains préjugés mutuels intergénérationnels. Nous proposons diverses activités aux 2 semaines.

Nous invitons également à la Maison des Grands-Parents, des jeunes qui fréquentent l’école Charles Bruneau à venir faire une activité mensuelle pouvant prendre diverses formes. Chaque activité doit avoir un résultat le jour même. Ce peut être un repas collectif, une activité de bricolage, une visite au bazar, souvent des projets manuels. La visite au bazar est une activité particulièrement appréciée des jeunes. Peu importe l’activité réalisée, nous apprécions beaucoup les moments que nous passons tous ensemble.

Le projet de mon cœur

Mon jumelage avec les centres jeunesses, ça c’est le projet de mon cœur. Il s’agit d’un jumelage d’amitié entre une dizaine de bénévoles et une dizaine de jeunes suiviEs par la DPJ.

Un projet particulier, que j’ai démarré avec l’ancienne directrice, Clémence et son mari, un intervenant en centre jeunesse. Ce programme est encadré par un protocole rigoureux établi avec les intervenantEs des centres jeunesse. L’acceptation inconditionnelle des jeunes fait partie de la richesse de ce programme. Les ainéEs bénévoles ont un rôle déterminé qui fait en sorte qu’ils et elles n’ont pas de rôle décisionnel sur la vie des jeunes.

Nous vivons parfois des situations difficiles, ça demande certains ajustements mais nous avons la protection de la Maison des Grands-Parents. Nous sommes suiviEs et soutenuEs par des intervenantEs responsables. Malgré le soutien et l’encadrement reçus, nous nous sentons parfois sans filet, sur la corde raide… Nous nous attachons aux jeunes et on ne sait pas ce qui peut arriver.

Entre les réunions mensuelles avec l’intervenante du centre jeunesse et la directrice de la Maison des Grands-Parents où nous partageons notre vécu, chaque bénévole gère ses activités avec les jeunes. Chaque jeune a des besoins particuliers et chaque bénévole également, on doit s’apprivoiser. Ça prend beaucoup de tolérance, de compréhension des deux côtés.

Approche souple

Je crois qu’il ne faut pas avoir une vision qui voudrait nous pousser seulement à instrumenter les jeunes, il ne faut pas, à mon avis suivre un protocole trop rigide. Il faut accepter le fait que les besoins des enfants puissent être différents. Ils ont des vécus qui leur sont propres, les situations diffèrent. Il faut respecter la diversité des gens.

Contributions diverses et complémentaires

J’ai une formation qui, certes, peut m’aider dans l’intervention auprès des jeunes. J’ai été professeur en éducation spécialisée et intervenante. Je n’ai jamais voulu imposer quelque autorité dans le domaine. Toutefois, on m’a confié quelques jeunes qui avaient un vécu assez difficile estimant que je pourrais leur être un bon appui.

Au sein des bénévoles, personne ne met de l’avant ses expertises; tout le monde vient avec son bagage personnel sans vouloir s’imposer, nous nous sentons tous en égalité, sur le même pied.

Mandats et responsabilités

À la Maison des Grands-Parents, les bénévoles ne sont pas simplement des exécutantEs, ils et elles s’impliquent comme responsables d’activités. Je ne prends aucune décision majeure, je ne suis pas en autorité. Je m’en réfère à l’équipe de travail si j’estime qu’une situation pose problème.

Du travail au bénévolat

Au début de mon implication, j’avais gardé les réflexes du milieu du travail, je me sentais obligée de m’impliquer dans le suivi des activités. Puis, on apprend à relativiser peu à peu face aux responsabilités qui ne nous incombent plus. Maintenant, je prends cela avec plus de légèreté. J’assume cependant les activités et responsabilités qu’on me confie avec sérieux et rigueur.

Bénévole, pourquoi, pour qui?

Certaines personnes autour de moi, ont une vision un peu péjorative du bénévolat. On s’étonne, on me demande pourquoi je fais ça, est-ce que j’aurais un vide à combler? Est-ce que je voudrais me donner bonne conscience? Est-ce que je fais cela pour me glorifier auprès des autres?

Cette implication, c’est un privilège, c’est un investissement. Pour moi, ce bénévolat, c’est égocentrique, c’est mon réseau social, c’est un filet pour mon équilibre et en plus, on développe des amitiés solides.

Je ne me voyais pas vieillir seulement avec des gens de mon âge. Toute ma vie j’ai été avec des ados, soit en intervention soit en enseignement, au Cégep ce sont encore des ados. Je me sens comme un des personnages du roman de John Irving, Une prière pour Owen, qui disait ceci, à peu près dans ces mots : «J’ai enseigné toute ma vie à des adolescents. Je ne sais pas si j’en ai fait des adultes. Mais, ils ont tous fait de moi un éternel adolescent.»

On vit une liberté dans nos interventions, on partage les mêmes valeurs sociales. Notre travail est encadré mais nous sommes comme des électrons libres. Nous avons beaucoup de plaisir ensemble.

À la Maison des Grands-Parents, les bénévoles prennent la décision d’apporter leur soutien. On peut choisir ce qu’on veut faire. On est là pour les jeunes, c’est ça qu’on a à donner de l’amour aux jeunes.

L’avenir?

Je ne sais pas comment ça va évoluer. Je me dis : «Va où ton cœur te mène».
Qu’est-ce qui se passera dans 5 ans? Je n’en ai aucune idée. Je pourrais m’impliquer ailleurs…
Je suis bien présentement à la Maison des Grands-Parents et en plus, c’est à 2 pas de chez-moi.